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variétés historiques et biographiques

profonds qui entouraient leur demeure, passèrent tranquilles les années troublées du moyen âge ; vivant autant en pasteurs qu’en religieux, ils étaient en paix avec les populations voisines qui se mouvaient plus à l’aise sous leur juridiction que sous le joug des seigneurs laïques, plus lourd à porter. Il fallait les idées nouvelles, qui éclatèrent au XVIe siècle, pour troubler cette paix profonde. Ces idées trouvèrent, dans le pays, des natures ardentes, exaltées, amies des luttes, et elles germèrent dans leurs âmes comme en un sol préparé à l’avance. Puisant un point d’appui et de résistance dans le Vivarais, protestant dès les premiers jours de la Réforme, et oubliant qu’en maintes circonstances il n’avait pas frappé en vain à la porte de la Chartreuse, le peuple du Mezenc se réveilla un matin en lutte avec les religieux de Bonnefoy.

Vers le mois d’août 1569, sur un signe du seigneur de Culant[1], qui commandait les protestants des Cévennes, une troupe de religionnaires, qui alla grossissant, en route, de tout ce qui voulait piller, s’empara, soit par ruse, soit par force, de la Chartreuse de Bonnefoy. Culant y laissa massacrer le prieur et trois religieux et commettre de grands désordres, et repartit après y avoir placé cinquante hommes, sous les ordres

  1. Il est assez difficile de déterminer quel est le membre de cette famille, originaire du Berry, qui présida à la prise de Bonnefoy. La généalogie très ample qu’en a donnée le père Anselme : Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, etc., t. VII, pag. 77 et sq. ne nous fournit aucun éclaircissement à ce sujet. Le premier de cette famille qui semble être venu dans nos contrées est Gabriel de Culant, chevalier, seigneur de Culant, marié, en deuxièmes noces, avec Françoise de Peyrusse d’Escars, elle-même veuve de Anne d’Apchon. Par acte du 15 mars 1534, il permuta avec Robert de Rochebaron, seigneur de Vals-le-Chastel, la terre seigneurie de Lacoughat, près Paulhaguet, qui appartenait à sa femme. L’Histoire généalogique, qui ne parle pas de cette transaction, dit que Françoise d’Escars ne paraît pas avoir eu d’enfants de Gabriel de Culant. Mais est-ce bien certain ? De son premier mariage avec Marguerite d’Épinay, il avait eu deux fils, dont le premier, Charles, baron de Mirebeau, se maria également dans nos pays, par contrat du 9 février 1529, à Gabrielle d’Apchier, sa cousine, — fille de Jacques d’Apchier, baron d’Apchier, et de Marie de Castelnau, sa seconde femme, — dont il eut trois fils. Nous laissons à de plus habiles que nous le soin d’élucider cette question.