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rallié sa troupe, bêtes et gens, se hâte-t-il d’échapper par la fuite à une mort certaine.

Mais, laissons la parole au greffier chargé de recueillir les témoignages et, d’après lui, reproduisons la déclaration du principal acteur de ce drame de Pradelles, lors de l’enquête ouverte, à la suite de ces évènements, par le lieutenant criminel en la sénéchaussée du Puy, dont quoique du Vivarais, dépendait Pradelles au point de vue judiciaire :

« Est comparu sr Vincent Besson, marchand de soye, habitant la ville de Rochemaure en Vivarez, lequel, après avoir pris de luy sérement, la main mise sur les saints évangiles, nous a dit et exposé, en se plaignant que le dernier jour du mois de mars passé, il fut commandé par le sr de Jouviac, capitaine d’une compagnie franche de la province, pour escorter un convoy de cent quinze mulets qu’on envoyoit en la ville de Pradelles pour y charger du blé que le pays du Vivarèz y avoit acheté pour estre distribué à ceux qui en pourroient avoir besoin, tant pour leurs nécessités et pour leurs subsistances que pour les semences de mars ; et le plaignant pour obéir et satisfaire à cet ordre estant parti le lendemain lundy, premier du courant, de lad. ville de Rochemaure, accompagné seulement d’environ quarante muletiers qui conduisoient lesdits mulets, ils arrivèrent ensemble dans ladite ville de Pradelles, le mercredy troisième du présent mois, entour l’heure de neuf ou dix heures du matin et ne furent pas plutost entrés dans le faubourg de lad. ville que le plaignant s’apperceut, de mesmes que les muletiers qui estoient avec luy, que les habitans de lad. ville s’attroupoient et se préparaient à se soulever et commettre quelque sédition, plusieurs d’yceux s’estant mesme assemblés, faisant hautement des menaces violentes, disant le plaignant qu’un de ces mutins deschargea un grand coup de bâton sur l’un des desd. muletiers qui estoit à la teste du convoy, le plaignant ayant ensuite donné les ordres nécessaire pour faire loger lesd. mulets, jusques a ce que le chargement du bled qu’ils devoient porter auroit esté fait, il vint sur la place publique de lad. ville, où estant s’adressa