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Lafayette, et lui-même, dans ses Mémoires, ne nous fournit qu’un très petit nombre de particularités de cette première phase de sa vie. Mais il est facile de se figurer quelle pouvait être l’existence d’un enfant vivant à la campagne au milieu de femmes en deuil. Chavaniac, en effet, n’était alors habité que par la grand’mère du futur général, qui l’avait tenu sur les fonts du baptême, une femme du plus haut mérite, respectée de toute la province et qu’on venait consulter de vingt lieues à la ronde sur tout ce qui pouvait intéresser les familles, sa tante Marguerite-Madeleine, restée célibataire, et, quelques mois de l’année, par sa mère, qui résidait le plus souvent à Paris auprès de son père, le marquis de La Rivière.

À ces dames vint se joindre plus tard une autre tante, Louise-Charlotte, qui, mariée dans le Gévaudan avec M. Guérin de Chavaniac, baron de Montéoloux, était devenue veuve à son tour. Elle amenait avec elle sa fille unique, d’un an plus âgée que son cousin, qui lui voua une affection vraiment fraternelle[1].

La monotonie de cette paisible existence n’était rompue que par des séjours soit à Vissac, soit à Brioude, où, depuis de longues années, les Lafayette possédaient un hôtel, et par des visites dans le voisinage.

Nous ne trouvons dans les Mémoires de Lafayette que quelques lignes sur son enfance :

« Il serait trop minutieux de m’appesantir sur les détails de ma naissance que suivit de près la mort de mon père à Minden, de mon éducation en Auvergne auprès de parents tendres et vénérés, de ma translation, à l’âge de onze ans, dans le collège du Plessis à Paris, où je perdis bientôt ma vertueuse mère (12 avril 1770) et où la mort de son père me rendit riche de pauvre que j’étais né, de quelques succès d’écolier animé par l’amour de la gloire et troublé par celui de la liberté, de mon entrée aux mousquetaires noirs qui ne me sortit de classe que les

  1. Mariée au marquis d’Abos, cette jeune femme mourut en couches lors du premier voyage de Lafayette en Amérique.