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le château de chavaniac

dans ses démarches, sans la chute de Rolland. Elle dut se contenter de faire enregistrer ses créances.

À la fin de mars 1793, à la suite de la trahison de Dumouriez, le Département envoya une députation chargée de visiter une seconde fois tous les papiers du château ; elle ne trouva rien de suspect.

À la fin de l’été, le moulin de Langeac fut mis en vente, Mme de Chavaniac alla à Brioude pour l’enchérir. Mme de Lafayette l’y accompagna et, s’étant rendue au District, elle adressa à ses membres cette protestation : « Je me crois obligée de protester, avant la vente qui va avoir lieu, contre l’énorme injustice que l’on commet en appliquant les lois sur l’émigration à celui qui, dans ce moment, est prisonnier des ennemis de la France. Je vous demande acte de ma protestation. »

Plusieurs membres proposèrent d’insérer cette protestation au procès-verbal : « Non, citoyens, répondit-elle, cela pourrait vous faire tort et j’en serais bien fâchée. Je vous demande simplement un acte séparé de ma protestation[1] ».

Les événements se succédaient avec une terrible rapidité. Peu de jours après, le curé de Chavaniac fut arrêté. Mme de Lafayette mit tout en œuvre pour le sauver.

Ce curé se nommait Durif et appartenait à une famille de cultivateurs du village, particulièrement attachée aux Lafayette. Au début de la Révolution, il avait prêté le serment suivant :

« Aujourd’hui, sixième jour du mois de mai 1791, immédiatement après la grand’messe parroissiale de cette paroisse de Chavaniac, en exécution du décret du 27 novembre dernier, devant nous, officiers municipaux et en présence de tous les fidèles convoqués pour entendre la messe, le sieur Pierre Durif, curé de cette parroisse, a juré et prononcé le serment qui suit : « Je jure d’être bon citoyen, bon pasteur et bon chrétien. En qualité de citoyen, je me soumets et m’engages à remplir toutes les obligations que la loi m’impose, comme pasteur, de veiller.

  1. Mme de Lasteyrie, loc. cit., p. 287.