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signal à l’empire et qu’il le recevait de vous. Ami de l’ordre et des lois, vous étiez destiné à régler l’impétuosité de notre zèle et le citoyen timide qu’effrayaient les agitations de la capitale vit en vous la garantie de la protection dont nous allions l’entourer.

Nous ne louerons pas les vertus que vous avez déployées à notre tête ; nous ne louerons pas cette intrépidité calme qui a conjuré tant d’orages, qui a épargné tant de sang. La Révolution a parcouru ses périodes ; la constitution s’est achevée et vous avez dans cet espace fixé la confiance de la garde nationale parisienne ; c’est un triomphe que son patriotisme ne pouvait décerner qu’à un patriotisme sans tache, à une pureté sans reproches !

Aujourd’hui, Monsieur, la loi nous sépare ; notre respect pour elle peut seule adoucir nos regrets. Il faut que le peuple qui veut conserver à ses enfants la liberté sache quitter souvent ce qu’il aime ; vous nous en avez sans cesse avertis ; et, en renonçant à la fois, à tout ce qui pourrait rendre un citoyen redoutable, s’il n’avait pas vos vertus, vous voulez nous apprendre à regarder comme dangereuses les exceptions mêmes qui nous semblaient les plus justes. Mais, si vous êtes insensible aux chaînes du pouvoir, inaccessible aux conseils de l’ambition, si vous avez méprisé le faux honneur de faire servir la confiance de vos concitoyens à des projets d’élévation personnelle, si vous lui avez préféré la gloire immortelle de ne les servir que pour eux !… digne ami du peuple ! recevez les seules récompenses qu’il ait à décerner aux hommes qui n’ont jamais trompé son attente et trouvez quelque douceur dans la reconnaissance et l’amour de vos frères.

Nous vous le jurons, sous la forme nouvelle que reçoivent nos bataillons, ils n’échapperont point à votre salutaire influence et si jamais, soldats-citoyens, nous pouvions négliger quelques-uns de ces devoirs que vous nous rappelez pour la dernière fois, nos cœurs nous avertiraient à l’instant, car nous y retrouverions toujours votre nom, vos conseils, votre exemple.