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Perrache, à Lyon, qui, appréciant déjà ses talents, en conçut les meilleures espérances. Il n’y était pas demeuré six mois que M. Dupont, sculpteur de Montpellier, le fit sortir de cet atelier en lui offrant une position plus avantageuse. Il passa six autres mois chez ce maître, puis il entra dans l’atelier de M. Luquet, artiste flamand, établi à Toulouse.

Dans cette ville, il commença à travailler pour son compte, à la demande d’un membre du Parlement qui le chargea de divers travaux destinés à orner son jardin. Avec ce qu’il retira de ce travail, terminé dans l’espace de neuf mois, il entrevit la possibilité d’aller à Rome ; mais le sculpteur Luquet, considérant ce travail comme une grande perte, le détourna de ce projet en lui facilitant l’étude de quelques sculptures antiques qu’il avait rapportées de cette capitale et le détermina ensuite à se rendre avec lui à la cour d’Espagne[1].

Ils arrivèrent à Madrid le 30 octobre 1740. Michel se présenta immédiatement à l’architecte D. Robert Pérez, chargé de modifier le plan du Palais-Neuf qui était resté sans être terminé par suite de la mort de son auteur, D. Philippe Zuvara, arrivée en 1736. Pérez lui demanda s’il se sentait de force à modeler un Père Éternel. Il accepta à la condition que Pérez serait présent ; ce qui eut lieu. L’architecte admira tellement sa hardiesse et son habileté, qu’il le chargea de l’exécution de cette statue en bois de grandeur colossale. C’est celle qui est placée sur le grand-autel de la cathédrale de Murcie. D’autres œuvres succédèrent à cette première, tant pour les palais royaux que pour les églises de Madrid, sans que pour cela Michel cessât de suivre les cours publics, de dessiner et de modeler d’après nature, et cela avec une telle

  1. Ce qui dut surtout déterminer Michel à se rendre en Espagne, ce fut la fortune que venait d’y faire le français René Fremin. Ce sculpteur qui était passé en Espagne en 1721 fut récompensé si dignement par le roi que lorsqu’il revint en France, en 1738, il était possesseur d’une fortune immense. Le roi lui avait en outre accordé le titre de son premier sculpteur et des lettres de noblesse. V. Mariette. Abecedario, t. II, pag. 272.