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bibliographie

moiselles du pays, le festoièrent liement. Et de Gannat se partit le roi, et s’en alla au Puy-Notre-Dame où toutes gens le venoient voir, et là demoura le roy trois jours en la ville, où lui furent fais de moult beaulx présens et de grans dons. Et du Puy tira le roi le droit chemin à Carcassonne, qui est telle cité et ville que on puet savoir, ou il demoura huit jours à revisiter le bel chastel et cité qui y est…


La réalité historique nous est plus chère que les traditions même les plus glorieuses pour notre ville bien-aimée. Il nous est déjà advenu de dire que beaucoup de visites royales dans nos murs ont été qualifiées à tort de pèlerinages par Gissey, Médicis et le frère Théodore. Nos rois furent plus souvent attirés au Puy par la raison d’État que par la renommée de notre basilique. Pour n’en citer qu’un exemple, nous avons vu saint Louis se rendre chez nous en 1254 dans le but de recueillir de sa propre main son droit de gîte ou de procuration[1]. La Chronique du bon duc Loys attribue à la visite de Charles VI, en 1389, le même mobile financier. Et plût à Dieu que le roi se fût contenté de ravitailler son trésor dans notre province de Languedoc, mais d’autres soins, d’autres plaisirs occupèrent son intelligence et ses sens ! Cette excursion de 1389 fut un véritable pèlerinage aux autels de Vénus. Le roi revint trois mois après, vieillard précoce, l’âme malade et le corps anéanti. Il portait déjà les germes de la terrible affection cérébrale, qui devait coûter si cher à la France[2].

Il est question une dernière fois de notre cité dans la Chronique de Cabarèt d’Orville[3]. C’est à propos d’un pèlerinage, authentique celui-là et de pure dévotion, que fit le duc Louis à notre cathédrale dans le cours de l’année 1393[4] :

  1. Voir dans les Tablettes, III, 177 et suiv., notre article sur le Droit de gîte.
  2. Sur ce point douloureux consulter l’Histoire de Charles VII, par Vallet de Viriville, Paris, 1862, t. I, pp. 30 et 31.
  3. Édit. Chazaud, pp. 258 et 259.
  4. C’est la date qu’assigne également La Mure, édition Chantelauze, t. II, p. 80.