Page:Solution du problème social.djvu/31

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2. Le Gouvernement provisoire n’a pas compris la Révolution.


Hélas ! À peine le Peuple a-t-il commencé de se faire entendre que la multitude usurpe son nom, que les discoureurs étouffent sa voix, et qu’à la place du Peuple, s’établit la tyrannie de ses courtisans. Depuis la Révolution le Peuple a cessé de parler, et nous voguons sans boussole, au vent de toutes les folies, sur un océan sans limites.

Je parcours les journaux ; je cherche dans les proclamations, dans les placards ; j’écoute la nuit, j’écoute le jour, si cette parole profonde, qui trois fois en trois jours, dominant les volontés et les événemens, nous a étonnés par ses hautes révélations, ne viendra plus frapper mon oreille et illuminer mon cœur. Jamais plus solennelle occasion ne fut donnée à des initiateurs. Jamais l’attention ne fut à plus haut point excitée, la faveur mieux acquise à qui saurait faire vibrer le verbe populaire. Tout s’est tu, pendant quelques instans, devant cette majesté invisible qui vous faisait frissonner jusqu’à l’âme, et dont on adorait les moindres simulacres.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Je sais que les honorables citoyens qui composent le Gouvernement provisoire n’ont pas eu le temps de méditer leur programme, et qu’il leur a fallu payer de mots, en attendant que la Révolution produisît ses faits toute seule. Je sais quel est le zèle, la pro-