Page:Solution du problème social.djvu/67

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lui dire : Tu te trompes ! Qui pourra le redresser, le contraindre ?

Mais que dis-je ? Si le Peuple est sujet à faillir, que devient sa souveraineté ? N’est-il pas évident que la volonté du Peuple doit être d’autant moins prise en considération qu’elle est plus redoutable dans ses conséquences, et que le vrai principe de toute politique, le gage de la sécurité des nations, c’est de ne consulter le Peuple que pour s’en méfier : toute inspiration de lui pouvant cacher un immense péril comme un immense succès ; et sa volonté n’être qu’une pensée de suicide ?

Sans doute, direz-vous, le Peuple n’a qu’une existence mystique ; il ne se manifeste qu’à de rares intervalles, à des époques prédestinées ! Mais le Peuple n’est pas pour cela un fantôme, et quand il se lève, nul ne peut le méconnaître. Le Peuple s’est montré le 14 juillet, le 10 août, en 1830 : il vient de se révéler avec plus d’audace que jamais. Le Peuple a parlé au serment du Jeu de paume, dans la nuit du 4 août : il était à Jemmapes, il combattait à Mayence et à Valmy…

Pourquoi vous arrêter ? pourquoi choisir ? Le Peuple était-il absent le 9 thermidor et le 18 brumaire ? Se cachait-il le 21 janvier et le 5 décembre ? N’a-t-il pas fait l’empereur, comme il avait défait le roi ? N’a-t-il pas adoré tour à tour et souffleté le Christ et la Raison ?… Voulez-vous remonter plus haut ? C’est le Peuple qui a produit de son sang et de ses entrailles, un jour Grégoire VII et un autre