Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

OIDIPOUS.

Je te l’apprendrai. S’il dit les mêmes choses que toi, alors je serai garanti de tout mal.

IOKASTÈ.

Quelle parole si grave as-tu entendue de moi ?

OIDIPOUS.

Tu disais tenir de lui que Laios avait été tué par des voleurs. Si, maintenant encore, il parle de leur nombre, je n’ai point tué ; car un seul ne peut être pris pour plusieurs. Mais s’il dit qu’il n’y avait qu’un homme, alors il sera manifeste que j’ai commis le crime.

IOKASTÈ.

Sache qu’il a ainsi annoncé la chose, et il ne lui est point permis de dire le contraire. Toute la Ville l’a entendu, et non moi seule. Même s’il s’écartait de son premier langage, il ne certifiera point cependant, pour en juger selon l’oracle, que tu as commis ce meurtre, puisque Loxias a déclaré que Laios devait être tué de la main de mon fils. Or, le petit malheureux ne l’a point tué, puisqu’il était mort auparavant. C’est pourquoi aucune divination ne me fera plus reculer.

OIDIPOUS.

Ta pensée est sage. Cependant, envoie quelqu’un qui ramène cet esclave. N’y manque pas.

IOKASTÈ.

J’enverrai très-promptement. Mais entrons dans la demeure, car je ne ferai rien qui ne te plaise.