Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/141

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dire les choses honteuses à faire, je vous adjure par les Dieux de me cacher promptement quelque part hors la Ville ; ou tuez-moi, ou jetez-moi dans la mer, là où vous ne me verrez plus désormais. Venez ! ne dédaignez point de toucher un misérable. Consentez, ne redoutez rien. Nul d’entre les mortels, si ce n’est moi, ne peut supporter mes maux.

LE CHŒUR.

Voici Kréôn qui vient pour consentir à ce que tu demandes et te conseiller. Il ne reste que lui qui puisse être à ta place le gardien de ce pays.

OIDIPOUS.

Hélas ! quelles paroles lui adresserai-je ? Quelle foi puis-je avoir en lui pour qui j’ai été récemment si injurieux ?

KRÉÔN.

Je ne viens point pour te tourner en dérision, Oidipous, ni pour te reprocher rien de tes premiers crimes. Mais si nous ne respectons pas la race des hommes, respectons au moins la flamme de Hèlios, nourricière de toutes choses, en ne révélant pas ouvertement une telle souillure que ne peuvent supporter ni la terre, ni la pluie sacrée, ni la lumière elle-même. Conduisez-le promptement dans la demeure. Il est bon et équitable, seulement pour des parents, d’entendre et de voir les maux de leurs parents.

OIDIPOUS.

Par les Dieux ! puisque tu as trompé mon espérance et que tu es venu, homme irréprochable, vers le pire