Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/19

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par le souvenir et le souci de l’homme absent, inquiète, elle se consume sur son lit veuf, prévoyant quelque destinée mauvaise et lamentable.

Strophe II.

Car, de même qu’on voit, en haute mer, sous l’infatigable Notos ou Boréas, les flots innombrables succéder aux flots, de même, tel que la mer Krètique, le Kadmogène poursuit et accroît les travaux de sa vie, mais quelque Dieu le sauve toujours et l’écarte des demeures d’Aidès.

Antistrophe II.

Ainsi, te blâmant pour cela, je te contredirai et te plairai à la fois. Je dis que tu ne dois point rejeter une heureuse espérance. En effet, le Kronide, le modérateur universel, n’a point donné aux mortels une vie sans douleur ; mais les misères et les joies se déroulent pour tous, comme les routes circulaires de l’Ourse.

Épôde.

Ni la nuit pleine d’astres, ni la misère, ni les richesses ne durent toujours pour les mortels, mais elles s’en vont promptement, et il arrive à chacun de se réjouir et de souffrir. C’est pourquoi, Reine, je veux que tu gardes l’espérance, car qui a jamais vu Zeus ne point s’inquiéter de ses enfants ?

DÈIANEIRA.

Tu viens à moi, je pense, au bruit de mon malheur. Puisses-tu ne jamais savoir, en souffrant de tels maux, combien mon cœur est déchiré : car, maintenant, tu ne