Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/255

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LE GARDIEN.

Ton oreille est-elle blessée, ou ton âme ?

KRÉÔN.

Pourquoi cherches-tu où est mon mal ?

LE GARDIEN.

Celui qui a commis le crime blesse ton âme, et moi, je blesse ton oreille.

KRÉÔN.

Ah ! tu es né pour mon malheur.

LE GARDIEN.

Certes, je n’ai point commis le crime.

KRÉÔN.

Tu as donné ta vie pour le désir de l’argent.

LE GARDIEN.

Ah ! c’est un malheur, quand on soupçonne, de soupçonner faussement.

KRÉÔN.

Argumente autant que tu le voudras contre le soupçon ; mais si vous ne révélez ceux qui ont fait cela, vous apprendrez, l’ayant éprouvé, que les maux sont engendrés par les gains iniques.