Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/267

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ANTIGONÈ.

Prends courage, vis ! Pour moi, mon âme est déjà partie et ne sert plus qu’aux morts.

KRÉÔN.

Je pense que l’une de ces jeunes filles a perdu l’esprit et que l’autre est née insensée.

ISMÈNÈ.

L’esprit des malheureux, ô Roi, ne reste pas ce qu’il a été et change de nature.

KRÉÔN.

Certes, le tien est changé, puisque tu veux avoir mal agi de moitié avec les impies.

ISMÈNÈ.

Comment pourrai-je vivre seule et sans elle ?

KRÉÔN.

Ne parle plus d’elle, car elle n’est plus désormais.

ISMÈNÈ.

Tueras-tu donc la fiancée de ton propre fils ?

KRÉÔN.

On peut ensemencer d’autres seins.