Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

PHILOKTÈTÈS.

Non, pas cela ; mais prends cet arc, comme tu me le demandais récemment ; prends et garde-le, jusqu’à ce que la douleur de mon mal s’apaise. En effet, le sommeil me saisit aussitôt que mon mal a cessé, et je n’en suis pas délivré auparavant. Mais il faut que tu me permettes de dormir tranquille. Si, pendant ce temps, ils arrivent, par les Dieux ! je te recommande de ne point leur remettre ces armes, ni volontairement, ni de force, ni d’aucune façon, de peur de te tuer en même temps que moi qui suis ton suppliant.

NÉOPTOLÉMOS.

Ceci regarde ma vigilance. Rassure-toi : elles ne seront remises qu’à toi et à moi. Donne-les-moi, confiant en la fortune.

PHILOKTÈTÈS.

Les voici, enfant, prends-les, et prie l’Envie divine qu’il ne t’en arrive pas malheur comme à moi et à celui qui les a eues avant moi.

NÉOPTOLÉMOS.

Ô Dieux ! que ces choses nous soient accordées, ainsi qu’une heureuse et rapide navigation qui nous mène là où un Dieu trouve juste que nous allions !

PHILOKTÈTÈS.

Je crains, ô enfant, que ce vœu ne soit inutile. Voici de nouveau qu’un sang noir flue et jaillit du fond de