Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/389

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son lit, toi, sa captive. Sachant la vérité, tu peux nous l’enseigner par tes paroles.

TEKMÈSSA.

Comment rappellerai-je cette chose affreuse ? Tu apprendras un malheur non moins terrible que la mort. Cette nuit, l’illustre Aias, saisi de démence, s’est couvert d’ignominie. Tu peux voir dans sa tente les bêtes massacrées et saignantes, victimes de l’homme.

LE CHŒUR.
Strophe.

Quelle nouvelle nous apportes-tu de l’homme furieux ? Chose accablante, inéluctable, qu’ont répandue les rumeurs des princes Danaens et que la parole publique accroît encore ! Hélas ! je crains le mal qui doit suivre. Il est manifeste qu’il devra mourir, l’homme qui a massacré d’une main furieuse et de l’épée ensanglantée les troupeaux et leurs pasteurs cavaliers.

TEKMÈSSA.

Hélas ! c’est donc de là, c’est de là qu’il est revenu, menant les troupeaux chargés de liens ; et il a égorgé les uns couchés contre terre, et il a coupé les autres par le milieu, à travers les côtes. Et il a saisi deux béliers blancs, et il a tranché la tête de l’un et le bout de la langue qu’il a jetée au loin ; et, l’autre, il l’a attaché debout contre une colonne avec une courroie de cheval, le frappant d’un fouet double et l’accablant de paroles insultantes qu’un Daimôn seul, et non un homme, lui a enseignées.