Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/393

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gémir ainsi était d’un homme lâche et d’un cœur vil. C’est pourquoi, quand il était saisi de douleur, sans cris ni lamentations, il gémissait sourdement comme un taureau qui mugit. Maintenant, accablé par ce malheur, sans boire ni manger, il reste assis et immobile au milieu des animaux égorgés par le fer ; et il est manifeste qu’il médite quelque mauvais dessein, car il le témoigne par ses paroles et par ses gémissements. C’est pour cela, ô chers, que je suis venue. Entrez, et, si vous le pouvez, venez-lui en aide, car les hommes tels que celui-ci ont coutume d’être touchés des paroles de leurs amis.

LE CHŒUR.

Tekmèssa, fille de Téleutas, tu nous racontes des choses terribles en nous disant que cet homme est saisi de démence.

AIAS.

Hélas ! hélas !

TEKMÈSSA.

Il semble que son mal va croître. N’entendez-vous pas comme Aias pousse des clameurs ?

AIAS.

Hélas !

LE CHŒUR.

Encore ! Il semble en proie au mal ou troublé par le souvenir des maux passés.

AIAS.

Hélas ! Enfant, enfant !