Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/422

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Hektôr, tout mort qu’il est, te perdrait un jour ? Voyez, par les Dieux, la destinée de ces deux hommes ! Hektôr, attaché au char rapide par le même baudrier que lui avait donné Aias, a été déchiré jusqu’à ce qu’il ait rendu l’âme ; et Aias, se jetant sur cette épée, présent de Hektôr, a péri d’une blessure mortelle ! Érinnys n’a-t-elle point forgé cette épée, et l’horrible ouvrier Aidès ce bouclier ? C’est pourquoi je dirai que les Dieux ont ourdi ceci comme tout le reste contre les hommes. Si cette pensée semble moins certaine à quelqu’autre, qu’il croie ce qu’il préfère, et moi de même !

LE CHŒUR.

N’en dis pas plus long, mais songe plutôt à ensevelir cet homme et à la réponse que tu dois faire bientôt. En effet, j’aperçois un ennemi. Il vient peut-être, mauvais qu’il est, afin de rire de nos maux.

TEUKROS.

Quel est cet homme guerrier que tu aperçois ?

LE CHŒUR.

Ménélaos, pour qui nous avons entrepris cette navigation.

TEUKROS.

Je le vois : étant proche il est facile à reconnaître.

MÉNÉLAOS.

Holà ! toi ! je te le dis : n’ensevelis point ce cadavre et laisse-le tel qu’il est.