Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/428

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mais tu n’aurais plus entendu sa voix tandis que la tempête grondait de toutes parts ; car, enveloppé de son manteau, il se laissait fouler aux pieds par le premier venu des matelots. Il en sera ainsi de toi, quand une grande tempête jaillira d’une petite nuée et réprimera aisément la clameur odieuse de ta bouche insolente.

TEUKROS.

Et moi, j’ai vu un homme plein de démence qui insultait aux maux des autres. Ensuite, quelqu’un, semblable à moi et qui avait le même esprit, l’ayant regardé en face, lui dit ces paroles : — Homme, ne sois pas injurieux envers les morts. Si tu agis ainsi, sache que tu en seras châtié. — C’est ainsi qu’il avertissait ce misérable. Et je vois cet homme, et si je ne me trompe, il n’est personne autre que toi. Ai-je parlé obscurément ?

MÉNÉLAOS.

Je m’en vais, car ceci serait honteux qu’on apprît qu’il a combattu en paroles celui qui peut contraindre par la force.

TEUKROS.

Va donc, car il est aussi très honteux pour moi d’entendre un insensé se répandre en paroles vaines.

LE CHŒUR.

Voici qu’une grande querelle se prépare. Autant que tu le pourras, Teukros, hâte-toi d’ouvrir une fosse creuse où il sera enfermé dans la terre noire, afin qu’il obtienne un tombeau illustre parmi les mortels.