Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/20

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cette assertion, parce que, dit-il, « il n’est pas vraisemblable qu’un homme d’une telle extraction eût été nommé général conjointement avec les premiers citoyens d’Athènes, tels que Périclès et Thucydide. » Cette réflexion pourra paraître bien aristocratique, appliquée à un gouvernement tel que celui d’Athènes. « En outre, les poètes comiques, auxquels la naissance d’Euripide, fils d’une fruitière, a fourni de si grossières plaisanteries, n’eussent pas ménagé à Sophocle les traits mordants qu’ils n’épargnèrent pas même à Thémistocle. Peut-être, ajoute-t-il, son père avait-il des « esclaves forgerons et ouvriers en airain. » Si l’on goûte ces raisons, il faudra en revenir au témoignage de Pline le naturaliste, qui, d’après d’autres autorités, assure que Sophocle était issu d’une grande famille, principe loco genitum.

Les anciens n’ont pas oublié de nous apprendre que Sophocle reçut une éducation brillante ; il s’exerça, dans son enfance, à la palestre et à la musique, et il fut couronné dans l’un et l’autre exercice. Son biographe et Athénée (I, 20) lui donnent pour maître le musicien Lampros ; peut-être est-ce le même que le célèbre poète lyrique cité par Plutarque {de Musica).

Des avis divers ont été émis sur la question de savoir quand Sophocle fit représenter sa première pièce. Selon la chronique de Saint-Jérôme, ce fut Ol. LXXVIII, 1 ; selon Eusèbe, Ol. LXXVII, 2 ; selon Samuel Petit, Ol. LXXVII, 3, sous l’archonte Démotion ; enfin les marbres de Paros portent que Sophocle vainquit pour la première fois sous l’archonte Apsephion, Ol. LXXVII, 4, âgé de vingt-huit ans[1]. Cette dernière dale nous parait la plus conforme

  1. Nous avons vu que cette chronique lapidaire le fait naître Ol. LXX, 4.