Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/230

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moi. Ce lieu est consacré ; il est tout entier sous la protection du vénérable Neptune, et aussi du Titan Prométhée[1], armé d’une torche. La terre que foulent tes pieds s’appelle le seuil d’airain[2], rempart d’Athènes[3]. Les habitants de la contrée voisine se sont mis sous la protection de Colone l’équestre[4], ici présent, dont ils s’honorent tous de porter le nom. Voilà, étranger, ce que j’avais à te dire sur nos dieux honorés, sinon par la renommée, du moins plutôt par un culte habituel.

ŒDIPE.

Ces lieux sont donc habités ?

L’ÉTRANGER.

Sans doute, et les habitants portent le nom du dieu.

ŒDIPE.

Est-ce un chef qui les gouverne ? ou bien l’autorité appartient-elle au peuple ?

L’ÉTRANGER.

C’est le roi de la ville d’Athènes qui leur commande.

ŒDIPE.

Quel est donc ce roi, qui les gouverne par la prudence et la force ?

L’ÉTRANGER.

Il se nomme Thésée, fils d’Égée, qui régnait avant lui.

ŒDIPE.

Quelqu’un de vous voudrait-il aller le trouver ?

L’ÉTRANGER.

Lui porter quelque message, ou le prier de venir près de toi ?

  1. Prométhée avait un autel à Colone. Pausanias en parle, Attic., I, 30, 2. Les Athéniens représentaient Prométhée un flambeau à la main, Πύρφορος.
  2. Selon le scholiaste, ce nom désignait l’entrée du Tartare, par laquelle Pluton avait enlevé Proserpine. Sur le seuil d’airain, voyez Iliade, VIII, v. 15, et la Théogonie d’Hésiode, v. 811. Voir aussi, vers la fin de la pièce, la note sur le vers 1591, dans le récit du messager.
  3. Ce lieu ne fut appelé le rempart d’Athènes qu’après la mort d’Œdipe, et lorsque ses cendres y reposèrent sous la protection des dieux.
  4. Colonos était un ancien héros d’Athènes, dont la statue s’élevait dans ce bourg