Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/254

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ŒDIPE.

Après ma mort, lorsque tu m’auras accordé un tombeau.

THÉSÉE.

Tu demandes la fin de ta vie, mais ce qui te reste de jours, tu le mets en oubli, ou tu n’en fais nul cas ?

ŒDIPE.

C’est que là est compris tout ce que je puis désirer encore.

THÉSÉE.

La faveur que tu demandes est facile à obtenir.

ŒDIPE.

Prends garde, il ne sera pas de peu d’importance, ce combat que j’aurai à soutenir.

THÉSÉE.

Parles-tu de tes enfants, ou de moi[1] ?

ŒDIPE.

Ils voudront me faire retourner[2] à Thèbes.

THÉSÉE.

Pourvu que tu y consentes ; il ne te convient pas de vivre en exilé.

ŒDIPE.

Mais quand je voulais moi-même rester, ils s’y sont refusés.

THÉSÉE.

Le ressentiment dans l’infortune, ô insensé ! ne peut être que nuisible.

ŒDIPE.

Commence par m’ écouter, avant de me donner des conseils ; jusque-là, laisse-moi.

THÉSÉE.

Explique-toi ; en effet, il ne me convient pas de parler sans savoir les choses.

  1. Les obstacles que tu redoutes viendront-ils de tes enfants, ou de moi ?
  2. Κατελθεῖν, revenir d’exil, expression expliquée dans les Grenouilles d’Aristophane, v. 1152-1165. Voir les Phéniciennes d’Euripide, v, 429.