C’est là tout le trésor de cet homme, que tu passes en revue.
Ah ! grands dieux ! voici encore, à sécher, d’autres lambeaux tout souillés du sang impur de sa plaie.
Plus de doute, c’est ici sa demeure, et il ne peut être loin ; car, souffrant de l’ancienne et fatale blessure[1] de son pied, comment aurait-il pu s’écarter ? Il est sorti pour chercher ou des aliments, ou quelque plante, s’il en a vu quelque part, propre à calmer ses souffrances. Envoie donc cet homme[2] explorer les lieux, de peur que Philoctète survenant ne me surprenne aussi ; car il aimerait mieux me saisir que tous les autres Grecs ensemble.
Il y va, et il veillera sur le sentier. Pour toi, si tu désires quelque chose de moi, dis-le moi dans un second entretien[3].
Fils d’Achille, la mission que tu es venu remplir ici exige que tu sois brave, non-seulement de corps ; mais quoi que mes paroles puissent avoir de nouveau ou d’inouï pour toi, tu dois me seconder, car tu m’as été donné comme auxiliaire.
Que m’ordonnes-tu donc ?
Il te faut séduire l’âme de Philoctète par des paroles trompeuses. Lorsqu’il te demandera qui tu es, et d’où
- ↑ Κηρὶ, encore dans le même sens, au vers 1166. Voir aussi les paroles de Néoptolème, vers 192-200.
- ↑ C’est un des soldats qui les accompagnent. Plus bas, au vers 125, Ulysse désignera encore le méme soldat.
- ↑ Néoptolème réclame ici d’Ulysse l’entretien qu’il lui annonçait tout à l’heure, au vers 24.