Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/396

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le sens. Ah ! malheureux ! je me meurs ; il me dévore[1]. Hélas ! hélas ! mon fils, au nom des dieux ! si tu as un glaive sous la main, tranche au plus vite, coupe ce pied, n’épargne point ma vie. Je t’en prie, ô mon fils !

NÉOPTOLÈME.

Quel est cet accident si subit qui t’arrache de tels cris et de tels gémissements sur ton sort ?

PHILOCTÈTE.

Tu sais, mon fils !

NÉOPTOLÈME.

Quoi donc ?

PHILOCTÈTE.

Tu sais !…

NÉOPTOLÈME.

Qu’as-tu ?

PHILOCTÈTE.

Je ne sais

NÉOPTOLÈME.

Comment, tu ne sais ?

PHILOCTÈTE.

Hélas ! hélas !

NÉOPTOLÈME.

Certes, ton mal s’est aggravé d’une manière terrible !

PHILOCTÈTE.

Oui, terrible ! plus que je ne puis te dire ! Mais aie pitié de moi.

NÉOPTOLÈME.

Que dois-je donc faire ?

PHILOCTÈTE.

Ne me trahis pas, par effroi de mon mal, car il ne revient qu’à longs intervalles et par accès irréguliers, avec la même violence que dès qu’il s’est assouvi.

  1. Cicéron dans les Tusculanes, II, 7, cite ce fragment du Philoctète d’Attius, imité de Sophocle :
    Heu quis salsis fluctibu’ mandet
    Me ex sublimî vertice saxi ?
    Jamjam absumor : conficit animam
    Vis vulneris, ulceris æstus.