Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/425

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PHILOCTÈTE.

Moi, je serai là...

NÉOPTOLÈME.

Quel secours m’apporteras-tu ?

PHILOCTÈTE.

Avec les flèches d’Hercule...

NÉOPTOLÈME.

Que dis-tu ?

PHILOCTÈTE.

Je les repousserai de tes frontières.

NÉOPTOLÈME.

Marche donc, après avoir fait tes adieux à Lemnos[1].



HERCULE[2].

Non, pas encore, fils de Pœas, pas avant du moins d’avoir entendu mes paroles ; sache-le, c’est la voix d’Hercule que tu entends, c’est son visage que tu vois. C’est pour toi que je suis venu, et que j’ai quitté le séjour céleste, afin de t’annoncer la volonté de Jupiter, et de t’arrêter dans la route que tu te prépares à suivre ; toi, écoute mes paroles. Et d’abord, je te rappellerai ma destinée, par quels travaux, par quelles pénibles épreuves j’ai acquis cette gloire immortelle dont tu me vois jouir. À toi aussi, sache-le bien, est réservée la même destinée, c’est par ces travaux pénibles que tu obtiendras une vie glorieuse. Quand tu seras arrivé avec le fils d’Achille sous les murs de Troie, d’abord tu guériras de ton mal funeste, et ta valeur te donnera le premier rang dans l’armée, tu perceras de mes flèches Pâris, l’auteur de tous ces maux, tu renverseras les murs de Troie, et les riches dépouilles décernées à ton courage, tu les enverras dans ton palais, à Pœas, ton père, sur l’Œta qui t’a vu

  1. Προσκύσας χθόνα, « après avoir adoré cette terre. » Dans le sens littéral de adorare, baiser (la terre). Voyez plus haut, le même mot, au vers 533.
  2. Le début du discours d’Hercule est en vers anapestiques (les neuf premiers). Le reste est en vers ïambiques trimètres.