naître. Mais quant aux dépouilles que tu auras reçues de l'armée, en souvenir de mes flèches, dépose-les sur mon bûcher. À toi aussi, fils d’Achille, je donne le même avertissement ; car tu ne peux triompher de Troie sans Philoctète, ni Philoctète sans toi. Allez donc, comme deux lions qui cherchent ensemble leur proie[1], veillez mutuellement l’un sur l’autre. Et moi à Troie, j’enverrai Esculape te délivrer de ton mal ; car une seconde fois[2] les destins ont réservé à mes flèches la chute d’Ilion. Mais souvenez-vous, en ravageant cette contrée, de respecter le culte des dieux[3] ; car à tout le reste, Jupiter préfère la piété. Elle suit les mortels au delà du tombeau ; qu’ils vivent ou qu’ils meurent, elle ne périt jamais.
O voix désirée qui s’est fait entendre ! héros qui m’apparais après si longtemps ! j’obéirai à tes ordres.
Moi aussi, je joins ma promesse à la sienne.
Ne tardez pas plus longtemps ; c’est le moment, voici le vent favorable qui s’éleve.
Je veux seulement saluer une dernière fois ces lieux. Adieu, cher antre, mon asile ! adieu, nymphes des eaux qui arrosent ces prairies ! Adieu , bruit retentissant de la mer brisée contre les rochers, et dont l’écume, poussée par le Notos, mouilla souvent ma tête, souvent aussi le mont Hermæon[4] me renvoya ta voix puissante, comme un écho des cris que m’arrachait la douleur. Et vous,
- ↑ Συννόμω, que le scholiaste explique par ἅμα νεμόμενοι. Allusion aux vers 554-555 du cinquième chant de l’Iliade. Au chant X, vers 297, Homère compare aussi Diomède et Ulysse à deux lions.
- ↑ Troie avait été prise une première fois par Hercule, sous le règne de Laomédon.
- ↑ Allusion à Néoptolème, qui fit périr Priam, au pied de l’autel de Jupiter, et qui fut frappé à son tour à Delphes, par Oreste, au pied de l’autel d’Apollon.
- ↑ Montagne de Lemnos, consacrée à Mercure.