Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/439

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père, puisque sa conservation assure notre salut, tandis que sa perte entraîne notre ruine ?

HYLLOS.

J’irai, ma mère, et si j’avais connu ces oracles, je serais depuis longtemps auprès de lui. Mais maintenant que je les connais, je ne négligerai rien pour savoir toute la vérité sur ce qui le touche, puisque le bonheur accoutumé des armes de mon père ne nous permet pas de concevoir des craintes anticipées, et de nous alarmer à l’excès[1].

DÉJANIRE.

Va donc, mon fils ; car, quelque tard qu’on le fasse, accomplir un devoir, dès qu’on le connaît, est toujours utile.



LE CHŒUR.

(Strophe 1.) Toi, que tour à tour la nuit enfante, en dépouillant son manteau d’étoiles, ou endort dans sa couche, Soleil, astre éclatant, je t’invoque, révèle-nous le séjour du fils d’Alcmène, dis-nous s’il habite quelque plage baignée par la mer, ou l’un des deux continents[2], toi dont l’œil étincelant[3] efface tout de sa vive lumière.

(Antistrophe 1.) J’apprends, en effet, que, tourmentée d’inquiétudes, Déjanire, disputée jadis par deux amants, aujourd’hui plaintive comme l’oiseau désolé, ne livre plus aux douceurs du sommeil ses yeux dont les pleurs sont taris, mais tremblante pour son époux absent et toujours pleine de son souvenir, l’infortunée s’inquiète et se consume sur sa couche solitaire, dans l’attente d’un événement fatal.

  1. L’édition de Dindorf supprime ces deux vers : au contraire, l’édition de F. Didot supprime les deux vers suivants. J’ai adopté la ponctuation de M. Boissonade.
  2. Il entend ici la Grèce et l’Asie.
  3. Ainsi Antigone, v. 879, appelle le soleil l’œil sacré de la lumière. Dans les Nuées, v. 285, « l’œil infatigable de l’éther. » Eschyle, dans les Perses, v. 428, appelle la lune l’œil de la nuit.