Ah ! malheur ! avant de périr de ma main, comme elle le devait !
Toi aussi, tu calmerais ta colère, si tu savais tout.
Tes paroles sont étranges ; explique donc ce que tu veux dire.
Voici la vérité ; elle a failli, avec une intention honnête.
Quoi ! honnête, misérable ! quand elle a tué ton père ?
Dans l’espoir de s’assurer ton amour par un philtre, elle s’est égarée, à la vue de cette nouvelle épouse.
Y a-t-il parmi les Trachiniens un enchanteur si habile ?
Le centaure Nessos, qui n’est plus, lui avait persuadé que ce philtre réveillerait ton amour.
Hélas ! hélas ! c’est fait de moi ! je suis perdu, oui, je suis perdu, je ne verrai plus la lumière. Je comprends enfin à quelle extrémité je suis réduit. Pars, mon fils, car tu n’as plus de père ; appelle auprès de moi tous tes frères, appelle aussi l’infortunée Alcmène[1], que Jupiter nomma vainement son épouse, pour entendre les oracles qui prononcèrent autrefois sur mon sort, autant que je me les rappelle aujourd’hui.
Alcmène n’est pas en ces lieux, mais à Tyrinthe, sur les bords de la mer[2], où elle a fixé sa demeure ; elle y a emmené plusieurs de tes enfants qu’elle élève elle-