Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/52

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TECMESSE.

Ah ! cher Ajax, je t’obéirai en toutes choses.

AJAX.

Amène-moi mon fils, que je le voie.

TECMESSE.

Dans ma frayeur, je l’ai éloigné.

AJAX.

Était-ce pendant mon délire, ou par quelque autre motif ?

TECMESSE.

Je craignais d’exposer le malheureux à la mort, s’il s’offrait à ta vue.

AJAX.

C’eût été un trait digne de ma fureur.

TECMESSE.

C’est pour l’en préserver que j’ai pris ces précautions.

AJAX.

J’approuve ta conduite et ta prudence.

TECMESSE.

En quoi donc maintenant puis-je te satisfaire ?

AJAX.

Fais en sorte que je le voie et que je lui parle.

TECMESSE.

Il est près d’ici, sous la garde de serviteurs fidèles.

AJAX.

Eh bien, que tarde-t-il à paraître ?

TECMESSE.

Viens, mon fils, ton père t’appelle. Amène-le ici, toi dont les soins veillent sur lui.

AJAX.

Vient-il, ou ne t’aurait-il pas entendue ?

TECMESSE.

Voici ce serviteur qui l’amène.

AJAX.

Approche-le de moi, approche-le ici. Ces traces récentes de carnage n’effraieront pas ses regards, s’il est vraiment mon fils. Il faut le former de bonne heure à