effet, des reproches, quelque mérités qu’ils puissent être, blessent toujours.
Cet archer[1] a l’air de ne pas manquer d’orgueil.
C’est que l’art où j’excelle n’est point un art méprisable.
Quelle serait ta fierté, si tu portais le bouclier ?
Même sans armes, je te combattrais armé de toutes pièces.
Oh ! que ta langue nourrit un terrible courage !
La fierté est permise, quand on a pour soi la justice.
Est-il donc juste de faire triompher mon assassin ?
Ton assassin ! la chose est étrange ; tu es mort, et tu vis !
C’est qu’un dieu m’a sauvé, mais dans l’intention d’Ajax, j’étais mort.
N’outrage donc pas les dieux, qui ont sauvé tes jours.
Voudrais-je donc enfreindre leurs lois ?
Oui, en ne permettant pas d’ensevelir les morts.
Ce sont mes propres ennemis ; car la chose est mal séante.
Est-ce qu’Ajax fut jamais ton ennemi ?
- ↑ Les archers étaient moins estimés que les autres soldats. Dans Philoctète (v. 1057), Ulysse cite Teucer comme le plus habile archer de l’armée. Dans l’Hercule furieux d’Euripide, v. 159-164, Lycos parle avec mépris des archers.