Page:Sorel - La Vraie histoire comique de Francion.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le narré de la préface du livre de Francion, qui étoient du corps de l’histoire, y ont été insérés, au lieu que l’on avoit mis tout cela au commencement du livre à faute d’autre chose[1]. Aussi a-t-on bien vu que cela devoit être ainsi ; car même l’on a trouvé une autre épître liminaire adressée à Francion, laquelle devoit être au commencement de l’histoire, ainsi que l’on l’a mise. Or nous voyons dans le onzième livre que Francion avoue qu’il a fait un ouvrage qu’il appelle les Jeunes Erreurs, lequel même a été publié, à ce qu’il dit, et néanmoins nous n’avons point sçu qu’il se soit imprimé un tel livre ; mais ce n’est aussi qu’une feinte, et du Parc a pris plaisir de faire dire cela à Francion, pour donner à songer aux lecteurs : car ce n’est point là qu’il a appris les aventures de ce cavalier, puisqu’il confesse, dans son épître, qu’il les lui a racontées de sa propre bouche. Toutefois c’est à sçavoir si ce n’est point encore ici une autre fiction d’esprit, ou si ce Francion étoit véritablement quelque gentilhomme ami de du Parc, dont il avoit entrepris d’écrire la vie, et duquel il avoit eu quelques mémoires. Mais cela n’importe de rien ; il suffit que nous reconnoissions l’excellence du livre. Au reste, en ce qui est de ces choses modernes qui ont été mises ici, parce que l’on les a trouvées fort bien enchâssées dedans l’histoire, et qu’elles étoient trop connues pour être désormais oubliées, il les y a fallu laisser ; mais néanmoins tout cela est arrangé avec tel ordre, que nous pouvons dire que nous avons maintenant la vraie histoire de Francion, ayant été corrigée sur les manuscrits de l’auteur. Et, pour ce qui est de ces choses étrangères, nous ne disons point si elles sont meilleures ou pires que le principal du livre, car il y a différentes espèces de beautés. Il faut considérer aussi que cela est en si petite quantité, au prix de ce qui a été fait par du Parc, que cela n’est pas considérable, et que, quand cela n’y seroit pas, l’histoire n’en vaudroit guère moins ; tellement que l’on ne l’y laisse que pour rendre plus satisfaits les plus curieux, qui ne veulent rien perdre de ce qu’ils ont vu une fois dans les livres, joint que c’est une maxime, qu’en ce qui est de ces livres de plaisir il est permis d’y changer plus librement qu’aux autres. Toutefois il est certain que, si l’on a ajouté quelque

  1. Voy. livre XI.