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Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/37

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le plaisir le reste de mes jours de baiser cette belle fleur qui avoit touché à ces belles pommes plus prétieuses que celles des hespérides. Après elle tira de sa poche un petit papier qu’elle déchira, et jetta à terre, comme une chose inutile, mais non pas inutile pour moy, qui le pris comme voulant garder tout ce qui vient d’elle. Aussitost elle se baissa ayant quelque chose au pied qui l’empeschoit de marcher, et deschira un petit bout de la semelle de son soulier qui traisnoit : que j’eusse eu de dueil si je n’eusse pû avoir ce beau cuir qui avoit servy à porter un si digne corps ! Le destin me fut favorable ; Charite et ses compagnes se retirèrent dans une maison, si bien que je demeuray seul dans la ruë, où j’eus la hardiesse