Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/173

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comme une forte présomption en faveur de celle-ci, par tous ceux qui regardent la lutte de classe comme l’essentiel du socialisme.

D’autre part, Sidney Webb jouit d’une réputation fort exagérée de compétence ; il a eu le mérite de compulser des dossiers peu intéressants et la patience de composer une des compilations les plus indigestes qui soient, sur l’histoire du trade-unionisme ; mais c’est un esprit des plus bornés qui n’a pu éblouir que des gens peu habitués à réfléchir[1]. Les personnes qui ont introduit sa gloire en France n’entendaient pas un mot au socialisme ; et si vraiment il est au premier rang des auteurs contemporains d’histoire économique, comme l’assure son traducteur[2], c’est que le niveau intellectuel de ces historiens est assez bas ; bien des exemples nous montrent d’ailleurs qu’on peut être un illustre professionnel de l’histoire et un esprit moins que médiocre.

  1. Tarde ne pouvait arriver à se rendre compte de la réputation que l’on avait faite à Sidney Webb, qui lui semblait un barbouilleur de papier.
  2. Métin, Le socialisme en Angleterre, p 210. Cet écrivain a reçu un brevet de socialisme du gouvernement ; le 26 juillet 1904, le Commissaire général français de l’Exposition de Saint-Louis disait : « M. Métin est animé du meilleur esprit démocratique; c’est un excellent républicain ; c’est même un socialiste que les associations ouvrières doivent accueillir comme un ami. » (Association ouvrière, 30 juillet 1904.) Il y aurait une étude amusante à faire sur les personnes qui possèdent de pareils brevets délivrés soit par le gouvernement, soit par le Musée social, soit par la presse bien informée.