Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/245

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avaient eu en vue, en parlant de cette dictature, une imitation de 1793, « un pouvoir central dictatorial et révolutionnaire, soutenu par la dictature terroriste des clubs révolutionnaires » ; il était effrayé par cette perspective et il assurait que tous les ouvriers avec lesquels il avait eu occasion de s’entretenir, se méfiaient beaucoup de l’avenir[1]. De là il concluait à la nécessité de baser la politique et la propagande socialistes sur une conception plus évolutionniste de la société moderne. Son analyse me semble insuffisante.

Dans la dictature du prolétariat, nous pouvons, tout d’abord, signaler un souvenir de l’Ancien Régime ; les socialistes ont, pendant très longtemps, été dominés par l’idée qu’il faut assimiler le capitalisme au régime féodal ; je ne connais guère d’idée plus fausse et plus dangereuse ; ils s’imaginaient que la féodalité nouvelle disparaîtrait sous l’influence de forces analogues à celles qui ont ruiné le régime féodal. Celui-ci succomba sous les coups d’un pouvoir fort, centralisé et pénétré de la conviction qu’il avait reçu de Dieu la mission d’employer des mesures exceptionnelles contre le mal ; les rois du nouveau

    et des poètes. Néron jadis fut artiste, artiste lyrique et dramatique, amant passionné de l’idéal, adorateur de l’antique, collecteur de médailles, touriste, poète, orateur, bretteur, sophiste, un don Juan, un Lovelace, un gentilhomme plein d’esprit, de fantaisie, de sympathie, en qui regorgeait la vie et la volupté. C’est pour cela qu’il fut Néron. » (Représentant du peuple. 29 avril 1848.)

  1. Bernstein, Socialisme théorique et socialdémocratie pratique, pp. 298 et 226.