Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/327

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coup de catholiques modernes (genre Brunetière) : c’est un moyen social de gouvernement, qui devra être proportionné aux besoins des classes ; les gens des hautes classes ont toujours estimé qu’ils avaient moins besoin d’être disciplinés moralement que leurs subordonnés, et c’est pour avoir fait de cette belle découverte la base de leur théologie, que des jésuites ont tant de succès dans la bourgeoisie contemporaine. Notre auteur distingue quatre moteurs capables d’assurer l’accomplissement du devoir : « le pouvoir de la société investi dans l’organisme gouvernemental, le pouvoir de l’opinion publique, le pouvoir de la conscience individuelle et le pouvoir de la religion, » et il estime que ce mécanisme spirituel est visiblement en retard sur le mécanisme matériel[1]. Les deux premiers moteurs peuvent avoir une action sur les capitalistes, mais n’ont pas d’influence dans l’atelier ; pour le travailleur, les deux derniers moteurs sont seuls efficaces et ils deviennent tous les jours plus importants en raison de « l’accroissement de la responsabilité de ceux qui sont chargés de diriger ou de surveiller le fonctionnement des machines »[2] ; or, suivant G De Molinari, on ne saurait concevoir le pouvoir de la conscience individuelle sans celui de la religion[3].

Je crois donc que G. De Molinari ne serait pas éloigné d’approuver les patrons qui protègent les institutions religieuses ; il demanderait, sans doute, seulement que

  1. G. de Molinari, op. cit., pp. 60-61.
  2. G. de Molinari, op. cit, p. 54.
  3. G. de Molinari, op. cit., p. 87 et 93.