Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révolutionnaire savent qu’ils devront rester toujours dans les conditions d’une vie infiniment modeste. Ils poursuivent leur travail d’organisation sans attirer l’attention, et le moindre écrivasson qui barbouille du papier pour l’Humanité est beaucoup plus célèbre que les militants de la Confédération du Travail ; pour la très grande masse du public français, Griffuelhes n’aura jamais la notoriété de Rouanet ; à défaut d’avantages matériels qu’ils ne sauraient espérer, ils n’ont même pas la satisfaction que peut procurer la célébrité. Mettant toute leur confiance dans les mouvements des masses, ils ne comptent point sur une gloire napoléonienne et laissent à la bourgeoisie la superstition des grands hommes.

Il est bon qu’il en soit ainsi, car le prolétariat peut se développer d’une manière d’autant plus solide qu’il s’organise dans l’ombre ; les politiciens socialistes n’ai-

    sur les bonnes manières, comme on peut s’en assurer en consultant de nombreux articles de Gérault-Richard. J’en cite au hasard quelques exemples. Le 1er juin 1903, il déclare, dans la Petite République, que la reine Nathalie de Serbie mérite « un rappel aux convenances » pour avoir été écouter le P. Coubé prêcher à Aubervilliers et il demande qu’elle soit admonestée par le commissaire de police de son quartier. Le 26 septembre, il s’indigne de la grossièreté et de l’ignorance des usages dont fait preuve l’amiral Maréchal. — Le protocole socialiste a des mystères ; les femmes des citoyens socialistes sont tantôt dames et tantôt citoyennes ; dans la société future, il y aura des disputes pour le tabouret, comme à Versailles. — Le 30 juillet 1903, Cassagnac s’amuse fort, dans l’Autorité, d’avoir été repris par Gérault-Richard, lui donnant des leçons de bon ton.