Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/80

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La victoire autrefois qui te disait — ma sœur —
Jaillissait de tes yeux sans troubler leur douceur.
Esprit de la bataille et calme en son orage,
Ton sourire donnait la fièvre du courage ;
Et prédisant toujours quelque palme aux Français,
Tu leur dictais l’oracle et tu l’accomplissais.
Oh ! sois fière ! — Enviant ta haute vigilance,
Pour garder le Seigneur l’archange a pris ta lance.
Sois fière !!… ton pays t’embrasa de ce feu,
Le plus pur des amours après celui de Dieu :
Martyre, chaste vierge au front ceint de victoires,
Ton beau nom brille empreint des flammes de trois gloires !

Au sein du firmament triomphent, à leur tour,
Les œuvres de l’artiste, enfants d’un autre amour ;
Du poète puissant qui, sous son diadème,
A ces honneurs du Ciel se prépare lui-même,
Quand son génie ardent, d’avenir revêtu,
A force de splendeur ressemble à la vertu ;
Du poète, grand front à la voûte profonde,
Qui ne se courbait point, quoiqu’il portât un inonde,
Et s’approchait déjà du paradis vermeil,
En dédiant ses vers à l’ange du soleil ;
De l’artiste sacré, dont la pensée austère
Fit monter jusqu’à Dieu son œuvre de la terre ;
Souffle qui, vers l’Éden, avant lui s’envola,
Prenant tous les parfums du cœur qui l’exhala ;
Création sans fin, création divine,
Couronne de rayons et qui le fut d’épine
Autrefois pour son front dévasté dans sa fleur,
Et dont on devinait la flamme à la pâleur.