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LE MAIIABIIÀRÀTÀ. 1 10

c'est assurément l'épisode de Satyavan et de Savitri, si popu- laire dans l'Inde, traduit en latin par Bopp en 1829, en fran- çais en 184-1 par M. Pauthier, et étudié dans une thèse de doctorat par M. Ditandy (Paris, 1856). Si certains critiques ont rapproché Pradmadvàra d'Eurydice, Sakountalà d'An- dromaque, Damayanti de Pénélope, ils ont trouvé quelque analogie entre l'Alceste d'Euripide et la Savitri de Vyasâ. La dernière de ces héroïnes est un modèle de piété, de vertu, de résignation et de dévouaient; c'est presque une sainte du Christianisme, et la Légende dorée ne contient pas de récits plus mystiques et plus merveilleux. Savitri, fille du roi de Madra Açwapati, était belle, si belle que, comme la Psyché d'Apulée, tous les princes l'admiraient sans oser aspirer à sa main. Son père inquiet l'autorise alors à se chercher elle- même un époux, pourvu qu'il soit digne d'elle par sa nais- sance et son mérite. En conséquence, elle erre d'ermitage en ermitage, examinant [les princes, qui s'y retirent souvent pour quelque pénitence ou par quelque aventure. Elle a bientôt fait choix de Satyavan dont le père, Dyoumatséna, a été précipité du trône, s'est réfugié dans les forêts saintes et est aveugle, dont la mère est aveugle aussi. Satyavan a tou- tes les vertus, et Açwapati accepte un tel gendre; mais quelle douleur, quand un oracle leur apprend qu'il est destiné à mourir dans une année! Qu'importe? La jeune fille résiste aux prières et aux conseils, et elle s'écrie :

Une seule fois, le sort décide ; une seule fois, une fille est promise; une seule fois, son père dit à propos d'elle : « Je vous la donne! » La vertu n'admet ces choses qu'une fois : que la carrière de Satyavan soit courte ou longue, que sa condition soit haute ou soit humble, je l'ai pris pour époux et n'en prendrai pas d'autre. Ce que l'âme résout, la parole le révèle, et ensuite l'acte vient l'accomplir ; le seul arbitre ici, c'est mon cœur !

Le père cède : il se dirige à pied vers la forêt, suivi de tous ses brahmanes : il demande aux deux aveugles la main de leur enfant, que ceux-ci lui accordent avec d'autant plus

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