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LE MA1IAUIIARATA. 1 1 V*

et de Rangpour, et vivent à sa cour avec des noms, des cos- tumes et des métiers empruntés. Leur femme, la princesse des Pantchaliens, Draupadî, passera pour la servante Sai- findhrî ; Ardjouna pour Yrihannala, un eunuque danseur ; Youdhichthira pour le brahmane Kanka ; Bhimaséna pour le cuisinier Ballava ; Nakoula pour un palefrenier; Sahadêva pour un pâtre. Le hasard veut que les Courâvas, s'unissant aux Trigartiens, habitants de ce qu'on nomme aujourd'hui le royaume de Lahore, viennent voler le riche bétail de Virâta, soixante mille génisses. Les Trigartiens ont été battus par Virâta, mais le bétail est resté entre les mains des Courâvas. Perte affreuse! car tous ces monarques, dont le Mahâbhârata parle si pompeusement, n'étaient, on le sent bien, comme les héros des récits homériques, que des chefs de clans, tou- jours prêts à piller, et leurs formidables expéditions, dégagées des hyperboles poétiques, se réduisaient à des escarmouches et à des razzias; affamer ses ennemis, c'était le moyen le plus sûr de les vaincre. Ces princes, ruinés en un jour, al- laient chercher fortune ailleurs et subissaient les épreuves les plus romanesques.

Le directeur des bergeries et des étables royales accourt vers le fils du roi des Matsyens, vers Blioùmimdjaya, et le somme de secourir son père et ses sujets, qui sont en grand danger. L'héritier de la couronne, qui était tranquillement resté au fond de son sérail, est désagréablement surpris; c'est un type très-finement et très-exactement retracé. Il est poltron, orgueilleux et vantard. Il ne demanderait pas mieux que de faire mille prouesses ; mais son cocher a péri dans une ba- taille récente; comment le remplacer? Sans cela, il se pré- cipiterait à travers les guerriers, les chars, les chevaux, et l'on verrait d'admirables exploits. Jamais capitan n'a pro- noncé des phrases si retentissantes. Draupadî, la fausse ser- vante, vient alors le tirer d'embarras et lui apprend que Vri- hannala, cet eunuque qui vit parmi les danseuses du palais, a jadis été le cocher de l'héroïque Ardjouna et peut lui rendre

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