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134 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

« Douryôdhana, tu vis encore; apprends une nouvelle qui sera douce à ton oreille. Il n'y a plus que sept combattants du côté des fils de Pândou : eux cinq, Krishna et son cocher Pàtyaki ; du côté des fils de Dhritàrachtra, il n'y en a plus que trois, Kripa, Kritavar- man et moi. Les rejetons de Draupadî sont tous égorgés, ainsi que ceux de Drichtadyoumna ; les Pântchaliens ont tous péri, ainsi que ce qui restait des Màtsyens. Vois donc, prince; lapareilleleura été rendue : ils n'ont pas d'enfants non plus maintenant, tes enne- mis !... » Et Douryôdhana répondit : « Oui, je le sens, cette nou- velle me soulage et remet le calme dans mon esprit. Il me semble qu'à présent je suis l'égal du dieu Indra. Bonheur à vous! Puis- siez-vous parvenir à la félicité! Au ciel nous nous reverrons! » Après avoir dit ces mots, le valeureux monarque se tut et quitta héroïquement la vie, en remplissant ses amis de douleur : son âme monta vers les cieux, séjour des purs esprits, et son corps rentra sous la terre.

��Ainsi l'espoir d'obtenir la vie éternelle soutenait jusqu'au bout ces mâles courages, et une belle mort les purifiait aus- sitôt des taches dont ils avaient pu se souiller vivants. Tout ce chant du Saoplikâ-'Parva est d'une énergie remarquable, et, à part l'exubérance et la recherche si ordinaires chez les poètes indiens, il ne lui manque, pour être plus connu et hau- tement célébré, que d'avoir été conçu dans quelqu'une de ces langues que le sanscrit a devancées, dans le grec d'Homère, le latin de Virgile ou l'italien de Dante !

Le onzième chant (Strî-Parva), traduit, pour la première fois, en français par M. Foucaux, se divise en trois sections : le Don de l'eau, les Lamentations des femmes, et la Cérémonie funèbre; c'est une longue élégie, mêlée de réflexions philo- sophiques, un peu uniforme sans doute, mais qui n'est que trop bien placée après les grands coups d'épée, les effroyables passes d'armes, les orgies de meurtre et de carnage qui remplissent les livres précédents. On sait combien le culte des morts était vénéré chez les anciens, chez les Grecs spé- cialement : Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide, Virgile, Slace, abondent en récits funèbres. Ici ce sont un esprit et

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