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LE MAHAISHARÀTA. 103

c'est surtout parce qu'ils n'ont pas suivi assez docilement les conseils et les ordres des brahmes. Si les Pàndavas triomphent, c'est qu'ils furent justes, résignés, sensibles, parce qu'ils ont été étroitement unis entre eux, parce qu'ils ont adoré et res- pecté Kounti, leur mère légitime ou adoptive, et Draupadî, leur commune compagne ; c'est plus encore parce qu'ils ont rendu aux pontifes et aux ermites les hommages qui leur étaient dus. Celui-là seul est béni du ciel et doit régner sur la terre, qui fréquente les temples et charge les autels de présents. Le prince qui, <|ii dénoùment, a tous les honneurs de l'apothéose, c'est Youdhichthira, si vertueux, si ami de la justice, si humblement pieux.

En outre de ce Youdhichthira, de cette Kounti et de cette Draupadî, qui sont les modèles des rois, des mères et des épouses, en outre du généreux Àrdjouna et du divin Krishna, en outre même de Dhritaràchtra, ce souverain si faible, mais si honnête, et de Bhîmaséna, ce lutteur au bras si redou- table, mais au cœur si généreux, quelle affection, vive sans dérèglement, grave sans raideur; quel dévoûment héroïque ; quel aimable mélange de candeur, de grâce et de mélancolie, dans ces rôles épisodiques de Rourou et de Pramadvarà, de Doushmanta et de Sakountalà, de Nala et de Damayanti, de Satyavan et de Savitri : couples charmants et irréprochables, qui méritent de vivre à jamais, comme les créations les plus exquises d'Homère ou de Virgile, du Tasse ou de Racine. H faut redescendre vers notre moyen âge et, bien entendu, vers le moyen âge légendaire plutôt que réel, pour retrouver l'équivalent de ces idées et de ces mœurs: des principes aus- tères; des dogmes inflexibles; la subordination de l'empire au sacerdoce ; la religion, éclairant ou dominant la politique ; les lumières les plus pures de la charité, rayonnant au milieu des plus épaisses ténèbres de la force brutale ; de vrais saints à côté de vrais monstres, et de continuelles appari- tions d'en haut, venant consoler ou avertir les hommes dans leurs périls ou dans leurs erreurs. De là des beautés de

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