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IV

LE RÂMÂYANA


I

Le Mahâbhârata, dont nous venons de donner un long résumé, bien court relativement à l’immense étendue de ce poème, et le Râmâyana, que nous allons analyser, sont les deux colonnes d’Hercule de la poésie sanscrite. Si le premier ressemblait un peu à la Théogonie d’Hésiode, combinée avec la Thébaïde de Stace, le tout dans d’incommensurables proportions, le second serait une sorte d’Odyssée orientale qui se terminerait en Iliade et où les Métamorphoses d’Ovide auraient aussi leur part. Disons plutôt que, malgré des analogies nombreuses de détail, il n’y a pour l’ensemble aucun parallèle exact à établir entre ces gigantesques inspirations d’une imagination sans ordre et sans limites et les compositions mieux exécutées, mais plus restreintes de l’art gréco-latin ou moderne. Notez pourtant que le Râmâyana, qui n’a que sept khandas (ou livres) et seulement vingt-quatre mille slokas (ou distiques), et par conséquent quarante-huit mille vers, présente quelque chose de plus réglé et de moins étranger à nos habitudes de goût et de critique que ce Mahâbhârata aux dix-huit chants et aux deux cent mille vers, qui déroute nos modestes conceptions en fait d’esthétique. Aussi avions-nous à peine besoin d’indiquer que ce dernier ouvrage.