Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

158 ÉTUDES SUR LÀ LITTÉRATURE SANSCRITE.

procédés allégoriques sembleraient trahir une origine plus moderne. Le Mahâbhârata paraîtrait également antérieur, en ce qu'il décrit les luttes intestines des Aryens au nord ou au centre de l'Inde, et que ces luttes devaient avoir cessé lorsque Rama tenta vers le midi son expédition aventureuse. A en croire certains savants, les faits racontés se rapporteraient au XIII e ou au XIV e siècle avant notre ère; la rédaction pri- mitive serait du IX e ou X e siècle, et le texte actuel daterait du VI e siècle. Mais ces inductions, et quelques autres ana- logues, si ingénieuses qu'elles soient, ne sont, après tout, que des conjectures, et quand on se rappelle que les études sanscrites, en Europe, ne remontent point au delà de cent années, on conçoit qu'il taille se borner, en bien des cas, à se tenir sur la réserve et attendre du temps et du déchiffre- ment de documents nouveaux de plus amples lumières.

En résumé, le Râmâyana est probablement, dans ses par- ties les plus anciennes, contemporain des livres de Salomon et des chants homériques. Plus vaste que 1' 'Iliade et YOdyssée réunies, remanié comme elles et comme le furent postérieu- rement les Eddas Scandinaves, les Niebelungen germaniques ou les Romanceros castillans sur le Cid, il ne passait pas aux yeux de la multitude pour l'œuvre vulgaire d'un versifica- teur, destinée à un frivole délassement, mais pour un des monuments les plus vénérables de la tradition. On l'invoquait dans les serments, ainsi que les Juifs attestaient la Bible, les chrétiens l'Évangile et les mahométans le Coran; il faisait presque partie intégrante du culte national, et le lire était un acte de piété. Écoutez ce qu'en pense, dès la fin de son premier chapitre, le poète lui-même :

« Le récit des belles actions de Râma serait capable de prolon- ger la vie, d'affermir la gloire et de développer la puissance de quiconque l'étudierait ; qui en prendait connaissance s'affranchir l'éiiL de tout péché. Oui, en approfondissant ces détails qui laissent le lecteur et l'auditeur en état de pureté, on assurerait à soi- même. ;'i ses tils et aux entants de ses fils l'émancipation de toute

�� �