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LE RAMAYANA. 167

d'une cérémonie si imposante. Maçons, charpentiers, terras- siers, ouvriers de toutes sortes sont requis en foule ; astro- logues, pantomimes, danseurs, artistes de divers genres sont appelés pour participer aux fêtes; d'immenses largesses en vivres et en argent sont faites aux innombrables assistants et particulièrement aux princes tributaires et aux brahmanes. Des colonnes de bois précieux ou de métal s'élèvent; des repas prodigieux sont servis à la multitude ; on immole un échantillon de toutes les espèces animales : enfin, tandis que les feux s'allument partout, et que chacun débite des hymnes, le cheval est égorgé, sa moelle est extraite de ses os brisés, on la livre aux flammes, et le monarque en aspire humble- ment la vapeur. Le sacrifice a été accompli par lui selon les rites; il doit réussir : il désire quatre fils; il les aura.

Le XIV e chapitre nous montre les dieux de l'Olympe brah- manique, réunis en concile et agitant les questions les plus graves. Un géant, un monstre, Ràvana, roi de l'île de Lanka (Ceylan), persécute les prêtres, interrompt les solennités re- ligieuses, insulte même les dieux; tout tremble à son appro- che ; l'Humanité a besoin d'un sauveur; quel sera-t-il? Un dieu même, incarné sous une forme humaine. Par l'ordre de Bràhma, la première des trois personnes de la trimurli, Wishnou, qui en est la seconde, consent à revêtir cette forme et à jouer ce rôle : puisqu'on a promis quatre fils à Daçara- tha, il sera un de ces fils, l'héroïque Râma, et, grâce a la toute-puissante intervention d'un tel médiateur, le démon sera vaincu. Comment s'effectuera un miracle si désiré? Par des procédés passablement étranges ; mais dans les théogonies et les mythologies, on ne s'embarrasse pas pour si peu. Avant que le roi des Kausalyens eût terminé les dernières cérémo- nies de YaçwamédJui, tout à coup, d'un brasier flamboyant il voit sortir un terrible fantôme, couvert d'une peau de gazelle, le teint noir, la barbe verte, les cheveux relevés en houppe sur la tête, les prunelles bleues, ferme comme un roc, ar- dent comme un lion, tenant entre ses bras et sur sa poi-

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