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LE RAM A Y AN A. 171

Mahàbhàrata, sont suivis de généalogies détaillées, ainsi que dans la Bible, Hésiode ou Homère, et de la singulière aventure d'Ahalyâ, femme de l'anachorète Gâoutama, que le divin Indra a séduite en empruntant le costume de son mari, comme le Jupiter grec le fit pour l'épouse d'Amphitryon. On parvient à la cour de Djanaka, puissant monarque de Mithilà; les trois voyageurs y reçoivent un accueil empressé; et le pourohito ou chapelain de ce prince, Çatananda, fils de Gâoutama, en présence de Viçwamîtra, qui, de vaillant guerrier, était devenu un vertueux brahmane, et pour lui faire honneur, se met à ra- conter, en seize chapitres, l'histoire de Viçwamitra lui-même, son extraction, ses actions mémorables, ses luttes avec Va- sishtha, et toutes sortes de légendes accessoires, quelquefois gracieuses, plus souvent étranges. Que de traits curieux il y aurait h relever : la vache Çabala, qui parle, qui prodigue ses présents à ceux qui l'implorent, et qui personnifie l'abon- dance obtenue par la foi ; Sunahsépha, offert en sacrifice et sauvé par le ciel, de même quel'Isaacde l'Ancien Testament; un saint tenté par des nymphes; Indra, le maître du royaume céleste, se travestissant en oiseau à la façon du Jupiter des Hellènes! Mais nous ne pouvons qu'indiquer en passant ces récits épisodiques, fort indirectement rattachés à l'action prin- cipale, et très-évidemment intercalés après coup dans l'œuvre du chantre primitif par des rhapsodes postérieurs.

Le chef des Mithiliens, Djanaka, a une fille, aussi admi- rable par ses vertus que par sa beauté, Sîtâ, née miraculeu- sement d'un sillon de la terre; il a juré de ne la marier qu'à celui qui pourrait se servir d'un arc merveilleux qu'il possède, et qui ressemble fort à celui d'Ulysse dans Y Odys- sée; tous les princes d'alentour ont essayé et ont échoué. Huit cents hommes vigoureux apportent, non sans effort, cette arme formidable, placée dans son étui de fer sur un chariot à huit roues. Râma la saisit, la soulève comme en se jouant, et d'un seul bras en plie le bois, en tire la corde d'un air souriant et, dans l'excès de sa force, la brise par le

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