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172 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

milieu. Le fracas est tel qu'on croit entendre une montagne qui s'écroule ou la foudre qui gronde; la plupart des assis- tants tombent effrayés sur le sol. La main de la belle Sitâ est acquise à l'énergique Rama, et deux nobles familles, deux illustres nations vont être unies par un lien sacré ; ce qui induit le poète à nous donner la minutieuse généalogie de Djanaka et de Daçaratha. Ces deux monarques ont une en- trevue pour régler les fiançailles de leurs enfants ; des ca- deaux sont échangés; les cérémonies sont accomplies. Non seulement Ràma, mais ses trois frères se marient : Laksh- mana à Ourmilà, Bhârata à Mandavî, et Satroughna à Srou- lakirtî. Mais, pendant que le vieux Daçaratha s'en retourne vers sa bonne ville d'Ayodhyà, en compagnie de ses quatre fils, de Vasishtha et des autres gourous (directeurs spirituels), un effroyable péril les menace en route. Un second Rcàma, fils de Djamadagni, mentionné dans le Mahâbhârala, et qui, par un des mystères les plus inexplicables de la théogonie indoue, se trouve être, comme le premier, une incarnation de Wishnou, s'offre à son rival, la hache au poing. Ainsi, c'est une des trois personnes de la trimurti qui va combat- tre contre elle-même, et c'est elle-même encore qui, du haut des cieux, assistera à ce combat. Je ne pense pas qu'en au- cune théologie la confusion des hypostases ait jamais pu aller plus loin. Ce duel des deux Ràmas, précédé de défis et de menaces, est empreint de celte couleur héroïque et chevale- resque qui anime les tableaux homériques, nos romans car- lovingiens ou les chants de l'Arioste et du Tasse. Le fils de Daçaratha est vainqueur de son redoutable adversaire; il rentre triomphalement dans la cité royale, et son père, ivre de joie, s'efface derrière lui. Cependant le vieux roi envoie Bhârata chez son aïeul maternel, au pays des Kékéyens, afin d'y compléter son éducation, et, à son départ, il lui adresse les avis les plus sages. Bhârata les suivra docilement, et l'on nous énumère les détails de cette éducation, véritablement distinguée, que recevaient les princes indiens; éducation à la

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