LE RÀMAYANA. 497
moins de quatre mille cinq cents distiques ; c'est autant que VEnèide environ, c'est plus que toute la Henriade. Nécessai- rement les événements ne sauraient y être bien variés ; nous l'avons déjà dit, chez Valmîkî de même que chez Homère, les guerriers se haranguent à satiété et se tuent lentement : le goût moderne se lasse de ces continuelles narrations de ba- tailles, où les répétitions et l'uniformité sont à peu près iné- vitables. Des deux côtés de l'océan indien, on s'apprête à la guerre ; pendant que Râma réunit ses amis, un conseil est tenu à Lanka. La mère de Râvana déplore hautement les malheurs que les fautes de son fils vont attirer sur son empire et fait un appel à la prudence de son autre fils, de Vibhîshana ; celui-ci opine pour qu'on renonce à la violence et à la fraude, pour qu'on négocie la paix avec les hommes du continent, pour qu'on leur rende Sîtâ. La plupart des guerriers fré- missent de rage, et surtout Râvana, qui insulte grossièrement son frère, l'accable de menaces et d'un coup de pied le pré- cipite de son siège. Vibhîshana indigné déclare ouvertement qu'il traitera désormais, en son propre nom, avec Râma et, ne voulant pas être enveloppé dans la ruine de ces méchants que leur folie aveugle et que le destin frappera, il prend son vol à travers l'espace. On ne peut s'abstenir de remarquer qu'un grand nombre de personnages, dans cette épopée mer- veilleuse, pratiquent la navigation aérienne et que le char Pouchpaka qui vole en l'air ne semblait pas plus étonnant aux poètes épiques de l'Inde que ne l'étaient pour les mytho- logues grecs les ailes de Mercure et de Persée, de Dédale et d'Icare. Le prince, en fendant les nuages, atteint les sommets du mont Kêlâsa, où le sombre dieu Siva et Couvera, le dieu de l'opulence, jouaient aux dés ensemble. Or, Couvera est le frère même de Vibhîshana, de Râvana et de plusieurs autres Ràkchasas qui ont péri; il annonce au vertueux transfuge que le trône doit lui appartenir bientôt. Animé par ces en- couragements célestes, Vibhîshana redescend sur la terre; mais, dès qu'ils se présente au camp de Râma, Sougrîva
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