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LE RAMAYANA. 203

s'échapper ensuite le long de ses narines et de ses oreilles. Il aborde Rama, et les voilà qui se mesurent ensemble : l'hé- roïque demi-dieu et le colosse infernal. Figurons-nous un Achille aux prises avec un Polyphème, ou plutôt Alcide, le fils de Jupiter, domptant Gacus, le fils de Vulcain, ou l'ar- change saint Michel terrassant le sombre monarque des en- fers : partout et toujours, nous rencontrons cette mémorable légende, qui a préexisté au manichéisme et qui lui a survécu, cette mystique allégorie du bien et du mal se disputant tour à tour l'univers, jusqu'à ce que le principe inférieur du mal disparaisse, absorbé dans le principe éternel du bien. Les deux combattants ne manquent pas de se haranguer mutuel- lement : les menaces et les injures se pressent et se croisent ; malgré son rire sinistre et ses terribles faits d'armes, Koum- bhakarma a le dessous. Râma le crible de flèches, lui coupe les t bras et les pieds, lui perce le cœur ; mais, en expirant, le géant vomit des charbons ardents et des flammes : il tombe, et dans sa chute il écrase deux mille singes. Quelle n'est pas l'affliction de Râvana en perdant un tel frère ! Son fils lndradjita le console par ses vaillantes prouesses; il extermine plus d'un guerrier; Rcàma et Lakshmana sont de nouveau atteints. Alors, le souverain des ours, le vieux Djàmbavata, également couvert de plaies, prie Hanoûmat d'aller chercher sur le mont Kêlâsa quatre plantes salutaires qui, pareilles au dictame merveilleux dont il est question dans {'Enéide, ren- dront la santé aux deux frères. Non moins actif que chari- table, le singe vole vers l'endroit indiqué. Mais, comme ces plantes se cachent de peur d'être prises, le quadrumane ir- rité ne trouve rien de mieux que de déraciner la montagne elle-même et de la rapporter sur son dos avec tous les sim- ples et tous les trésors qu'elle contient. Au contact des raci- nes bienfaisantes, non seulement les deux princes sont guéris, mais les milliers de soldats qu'ils avaient perdus res- suscitent. Tout est à recommencer, et on recommence, lndradjita, recourant à des artifices que nous avons déjà

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