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266 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

crit disait : <.< C'était la meilleure des créatures ; on ne doit par- ler d'elle ni en bien ni en mal; elle avait été habituée à re- garder, à écouter, à questionner aussi peu que possible ; sa grande affaire ici-bas était de perpétuer sa race et de régler son ménage. » Elle resta chez elle et fila de la laine: belle inscription à graver sur une tombe ! Pourquoi l'autre sexe, inconstant et blasé, ne se contente-t-il pas, lui aussi, de ces vertus bourgeoises et de ce bonheur à huis-clos?

Au point de vue dramatique, les Indiens distinguaient la femme du héros, la femme d'autrui qu'on ne devait jamais aimer, et la femme indépendante : chacune d'elles pouvait être adolescente, jeune ou d'âge mûr. Ces neuf rôles don- naient lieu encore à huit divisions assez vagues, selon que l'au- teur avait voulu peindre : 1° une dame dévouée à son mari ; 2° une demoiselle qui se pare dans l'attente de son bien- aimé ; S une femme qui déplore l'absence de son seigneur et maître; 4° une autre qui vient de découvrir l'infidélité de l'homme qu'elle chérit; 5° celle qui est pleine de colère et de douleur, parce qu'elle est ou croit être méprisée ; 6° celle qui gémit de s'être trouvée seule au rendez-vous convenu ; 7° celle dont l'époux ou l'amant voyage au loin ; 8° enlin celle qui va rejoindre ou qui fait appeler près d'elle l'élu de son cœur. Autour du principal type, masculin ou féminin, se groupaient les types accessoires qui, en une proportion quel- conque, contribuaient au développement de l'action. D'une part, c'étaient: le confident, l'ami, quelquefois ce que nous nommerions en langage de coulisse^ le second amoureux; le rival ou le traître; les ministres, les ambassadeurs, les cour- tisans, les officiers, les chambellans; spécialement, le vita, espèce de parasite ou plutôt de commensal, familier, mais non méprisable, qui donnait Ap.ï conseils, participait aux en- treprises, était initié aux secrets, favorisait les amours per- mises et s'entendait à la musique, au chant et à la poésie ; et le vidouchaka, que nous avons déjà cité, jovial, bouffon, tenant de Panurge et de Sancho l'aura, de Mascarille et de

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