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LE THÉÂTRE INDIEN. '281

selle et le tonnerre qui retentit, elle le rejoint au jardin, lui jette des fleurs et tombe dans ses bras ; Roméo et Juliette, Faust et Marguerite ne sont ni plus tendres ni plus poéti- ques; ils s'aiment, ils se le disent, ils sont heureux.

Au sixième acte, le matin venu, Vasanteséna quitte paisi- blement ce toit obscur qui, pour elle, vaut le ciel ; elle ren- voie le collier à celle qu'elle nomme sa sœur, suivant les mœurs d'alors, c'est-à-dire à la femme de son amant. A la vue de Rohaséna, le petit enfant du brahmane, qui pleure, parce qu'au lieu de son chariot de terre cuite (de là vient le titre de la pièce) il en voudrait un en or, comme en a le fils du voisin, elle lui fait cadeau de quelques-uns de ses bijoux pour qu'il s'en achète un, et elle s'apprête à monter dans une voiture que Tchâroudatta a commandé de lui préparer. Ici commence une série de quiproquos et de coups de théâtre, parfois un peu forcés et qui ne seraient pas déplacés dans nos mélodrames actuels. La voiture où elle entre au hasard est celle de Samsthânaka, le prince galant et grotesque qui la courtise ; elle stationnait fortuitement près de là. Au con- traire, celle qui lui était destinée est occupée bientôt par Aryaka, un pâtre auquel certains oracles ont promis le trône : en conséquence, Pâlaka, soupçonneux et craintif ainsi que tous les tyrans, l'avait jeté en prison à perpétuité. Le voleur Sarvillaka, ami dévoué du pâtre, a réussi à le délivrer, si bien que, traînant encore les débris de ses chaînes, en dépit de deux capitaines des gardes de la ville et de leur escouade qui le poursuivent, le proscrit parvient à s'échapper, grâce à ce véhicule que les agents de la police n'ont pas osé ouvrir, pensant que Yasantasénâ y est enfermée. Tout cela n'est pas fort vraisemblable, et ces finesses théâtrales sont percées à jour ; mais nos auteurs modernes y regardent-ils eux-mêmes de si près? Au septième acte, qui n'est guère qu'un tableau, suivi de son fidèle compagnon, Tchâroudatta se promène dans le jardin royal de Pouchpakaranda, aux environs d'Oud- jayanî : il y avait donné rendez-vous à son amante. La litière

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